Page:Corbière - Le Négrier.djvu/869

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autre les chants qui retentissent déjà peut-être aux oreilles de Raphaël.

Tout-à-coup une petite risée frémit ; nos avirons labourent la mer, qui glisse le long du bord. Rentre vite les avirons : attention à gouverner ! le brick ennemi cule. Une saute de vent l’a fait masquer. À nous le forban ! à nous le voleur de nègres, hurlent tous mes gens. À l’abordage, capitaine, à l’abordage, et pas de pardon à ce chien d’Espagnol !

Raphaël veut en vain reprendre sa route après avoir masqué dans la saute de vent. Il est troublé, car il ne gouverne plus qu’en faisant des embardées tribord et bâbord. Moi, plus tranquille et plus favorisé cette fois par la régularité de la brise, je ne perds pas une ligne de chemin. À mesure que je l’ap-