Page:Corbière - Les Amours jaunes, 1873.djvu/269

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Un mauvais chien toujours qu’un bon enfant parfois !

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— Allez : à bord, chez eux, ils ont leur poésie !
Ces brutes ont des chants ivres d’âme saisie
Improvisés aux quarts sur le gaillard-d’avant…
— Ils ne s’en doutent pas, eux, poème vivant.

— Ils ont toujours, pour leur bonne femme de mère,
Une larme d’enfant, ces héros de misère ;
Pour leur Douce-Jolie, une larme d’amour !…
Au pays — loin — ils ont, espérant leur retour,
Ces gens de cuivre rouge, une pâle fiancée
Que, pour la mer jolie, un jour ils ont laissée.
Elle attend vaguement… comme on attend là-bas.
Eux ils portent son nom tatoué sur leur bras.
Peut-être elle sera veuve avant d’être épouse…
— Car la mer est bien grande et la mer est jalouse. —
Mais elle sera fière, à travers un sanglot,
De pouvoir dire encore : — Il était matelot !…

— C’est plus qu’un homme aussi devant la mer géante,
Ce matelot entier !…
Ce matelot entier !…Piétinant sous la plante