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Page:Corbière - Les Amours jaunes, 1873.djvu/270

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De son pied marin le pont près de crouler ;
Tiens bon ! Ça le connaît, ça va le désoûler.
Il finit comme ça, simple en sa grande allure,
D’un bloc : — Un trou dans l’eau, quoi !… pas de fioriture. —

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .



On en voit revenir pourtant : bris de naufrage,
Ramassis de scorbut et hachis d’abordage…
Cassés, défigurés, dépaysés, perclus :
— Un œil en moins. — Et vous, en avez-vous en plus :
— La fièvre-jaune. — Eh bien, et vous, l’avez-vous rose ?
— Une balafre. — Ah, c’est signé !… C’est quelque chose !
— Et le bras en pantenne. — Oui, c’est un biscaïen,
Le reste c’est le bel ouvrage au chirurgien.
— Et ce trou dans la joue ? — Un ancien coup de pique.
— Cette bosse ? — À tribord ?… excusez : c’est ma chique.
— Ça ? — Rien : une foutaise, un pruneau dans la main,
Ça sert de baromètre, et vous verrez demain :
Je ne vous dis que ça, sûr ! quand je sens ma crampe…
Allez, on n’en fait plus de coques de ma trempe !
On m’a pendu deux fois… —
On m’a pendu deux fois… —Et l’honnête forban
Creuse un bateau de bois pour un petit enfant.