Page:Corbière - Les Amours jaunes, 1873.djvu/280

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Et la serrure grince, on vient d’entrebâiller ;
Bitor pique une tête entre l’huys et l’hôtesse,
Comme un chien dépendu qui se rue à la messe.
— Eh, là-bas ! l’enragé, quoi que tu veux ici ?
Qu’on te f…iche droit, quoi ? pas dégoûté ! Merci !…
Quoi qui te faut, bosco ?… des nymphes, des pucelles
Hop ! à qui le Mayeux ? Eh là-bas, les donzelles !… —

Bitor lui prit le bras : — Tiens, voici pour toi, gouine :
Cache-moi quelque part… tiens : là… — C’est la cuisine.
— Bon. Tu m’en conduiras une… et propre ! combien ?…
— Tire ton sac. — Voilà. — Parole ! il a du bien !…
Pour lors nous en avons du premier brin : cossuses ;
Mais on ne t’en a pas fait exprès des bossuses
Bah ! la nuit tous les chats sont gris. Reste là voir,
Puisque c’est ton caprice ; as pas peur, c’est tout noir. —

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Une porte s’ouvrit. C’est la salle allumée.
Silhouettes grouillant à travers la fumée :
Les amateurs beuglant, ronflant, trinquant, rendus ;
— Des Anglais, jouissant comme de vrais pendus,
Se cuvent, pleins de tout et de béatitude ;
— Des Yankees longs, et roide-soûls par habitude,
Assis en deux, et, tour-à-tour tirant au mur