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Page:Corbière - Les Amours jaunes, 1873.djvu/281

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Leur jet de jus de chique, au but, et toujours sûr ;
— Des Hollandais salés, lardés de couperose ;
— De blonds Norvégiens hercules de chlorose ;
— Des Espagnols avec leurs figures en os ;
— Des baleiniers huileux comme des cachalots ;
— D’honnêtes caboteurs bien carrés d’envergures,
Calfatés de goudron sur toutes les coutures ;
— Des Nègres blancs, avec des mulâtres lippus ;
Des Chinois, le chignon roulé sous un gibus,
Vêtus d’un frac flambant-neuf et d’un parapluie ;
— Des chauffeurs venus là pour essuyer leur suie ;
— Des Allemands chantant l’amour en orphéon,
Leur patrie et leur chope… avec accordéon ;
— Un noble Italien, jouant avec un mousse
Qui roule deux gros yeux sous sa tignasse rousse ;
— Des Grecs plats ; des Bretons à tête biscornue ;
— L’escouade d’un vaisseau russe, en grande tenue ;
— Des Gascons adorés pour leur galant bagoût…
Et quelques renégats — écume du ragoût. —

Là, plus loin dans le fond sur les banquettes grasses,
Des novices légers s’affalent sur les Grâces
De corvée… Elles sont d’un gras encourageant ;
Ça se paye au tonnage, on en veut pour l’argent…