Page:Corbière - Les Amours jaunes, 1926.djvu/21

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tait. Il redevenait la proie des mots. Et il assistait, témoin impuissant, mais lucide, aux convulsions de son misérable génie :

Va donc, balancier soûl affolé dans ma tête…
Je parle sous moi…

L’effroyable aveu, quand on y songe ! Et n’avons-nous pas prononcé un peu vite tout à l’heure ? N’y a-t-il en effet que dandysme et affectation dans le « cas » de Tristan Corbière ? Vraiment on hésite et l’on a le droit d’hésiter, quand on connaît l’homme, déséquilibré de génie, incapable d’accorder les contradictions de sa nature, mais non de les analyser et celui de nos poètes qui, après Baudelaire, a porté peut-être sur lui-même le coup d’œil le plus aigu.

III

Il était né, le 18 juillet 1845, dans la banlieue de Morlaix, à Coatcongar [1], domaine noble tombé

  1. « Coatcongar, m’écrit l’érudit morlaisien Louis Le Guennec, est une très vieille terre. Un Jean de Coatcongar est cité parmi les nobles de Ploujean à la réformation de 1427 ; son fils Hervé comparaît en 1455 dans la réformation des bornes de la ville de Morlaix. Yvon de Coatcongar, ar-