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Page:Corday - Œuvres politiques.pdf/32

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« Extrait du registre des séances du Directoire du département du Calvados.

« Du 17 avril 1792, l’an IV de la Liberté.

« Le Directoire du département du Calvados, profondément affecté des désordres qui ont eu lieu dans plusieurs communes du département, et qui s’y propagent d’une manière à la fois puérile et barbare ;

« Justement affligé de ce que les droits les plus sacrés, garantis par la Constitution, n’aient pu trouver une protection suffisante dans la force publique, créée pour défendre les personnes et les propriétés, pour faire respecter la loi et maintenir l’ordre dans cette force publique, dont les administrateurs n’autorisent jamais l’emploi que dans le dessein d’apaiser les troubles qui leur sont dénoncés et qu’ils retiendraient toujours avec soin s’ils pouvaient soupçonner que des citoyens français abusassent jamais de sa présence, pour compromettre la dignité d’un peuple libre et généreux ;

« Considérant qu’il serait à désirer que le véritable esprit philosophique et les vrais principes de la Constitution eussent fait assez de progrès pour que la tolérance la plus absolue couvrît d’un voile tutélaire et pacificateur les diverses opinions religieuses, ainsi que les différents cultes qui en sont la manifestation ; que l’expérience des siècles n’a que trop prouvé que la persécution, si contraire d’ailleurs à la nouvelle législation des Français, ne fait qu’accroître le fanatisme et multiplier les prosélytes, parce que la résistance excite, lorsque l’indifférence décourage, et que, d’ailleurs, la volonté d’une portion de citoyens n’a pas plus de droit sur les opinions de l’autre que sur ses