Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/163

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nomie ? Ne craigniez-vous point qu’on n’exigeât de vous plus que vous n’aviez en caisse ?… Ah ! ma bonne amie ! Quand on s’avise de mettre au creuset les actions les plus héroïques des hommes, on ne sait jamais comment elles en sortiront. »

Parfois, il n’avoue pas spontanément. Il doit répondre aux questions de Sophie, effleurée par un soupçon jaloux. Ainsi, il rapporte tout au long, à ses « bonnes amies », une mystification dont il a été l’objet et qui devait s’achever par un dîner chez Mme de Coaslin. Incidemment, il raconte que l’intrigue lui a été dévoilée à temps par la Guimard, la célèbre danseuse de l’Opéra. C’est surtout ce que retient Sophie de l’anecdote. Elle lui demande comment il a connu la Guimard. Sa réponse est assez évasive : « D’où je connais Mlle Guimard ? Mais, de tout temps ; il y a cent moyens et, à mon âge, il y a cent raisons de connaître la Guimard. On trouve dans ces filles-là je ne sais combien de ressources essentielles qu’on ne peut espérer dans une honnête femme, sans compter celle d’être avec elles comme on veut : bien, sans vanité ; mal, sans honte. »