Aller au contenu

Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans ses lettres à Sophie, il ne fait que de courtes allusions à son aventure avec Mme Terbouche. Mais il la conte amplement dans son Salon de 1767. Mme Terbouche est une femme peintre, d’origine allemande. Vers quarante ans, elle arrive à Paris. Elle est sans adresse et sans grâce, mais non pas sans talent. « Ce n’est pas le talent qui lui a manqué… Elle en avait de reste. C’est la jeunesse, c’est la beauté, c’est la modestie, c’est la coquetterie. Il fallait s’extasier sur les mérites de nos grands artistes, prendre de leurs leçons, avoir des tétons et des fesses, et les leur abandonner. »

Mme Terbouche obtient de faire le portrait de Diderot. « Pour la fierté, les chairs, il est fort au-dessus d’aucun portraitiste de l’Académie. Je l’ai placé vis-à-vis de celui de Van Loo, à qui il jouait un mauvais tour. Il était si frappant que ma fille me disait qu’elle l’aurait baisé cent fois pendant mon absence, si elle n’avait pas craint de le gâter. » Il y est représenté nu jusqu’à la ceinture. Il raconte même qu’il a posé, « avec une simplicité et une innocence dignes des premiers siècles », en modèle d’académie. Il est vrai que le philosophe n’était