Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/168

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besoin est bien loin et ma nullité est un oracle plus sûr que le vôtre. »

Diderot a donc soumis à son ami Grimm le débat qu’il appelle lui-même un petit logogriphe. À Bourbonne, puis à Paris où ils rentrent ensemble, Mme de Meaux a encouragé les assiduités de M. de Foissy, écuyer du duc de Chartres. Diderot, qui a cinquante-sept ans, fait galamment l’éloge de ce rival de trente ans : il est plein d’égards, de douceur, de politesse, d’agréments et de gaîté. Le philosophe engage même l’écuyer à se déclarer franchement. Quant à lui, il ne souffre pas, il ne souffrira pas. Il le répète même avec un peu trop d’insistance pour que ce soit tout à fait vrai. Mais Mme de Meaux n’a-t-elle pas la prétention de garder ses deux soupirants, de les atteler ensemble à son char ? « Mes amis, restez-moi, vous suffirez au bonheur de ma vie ; entre vous, je défie le destin de m’attaquer. » Et Mme de Prunevaux s’en mêle : « Et puis, moi, philosophe, pourquoi ne venez-vous pas me voir ? Venez me voir. » Voilà l’offre qu’il repousse avec indignation. Voilà le débat qu’il soumet au jugement de Grimm. Il ne veut pas de ces « foutues ba-