Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/169

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lances-là ». Il veut qu’on lui restitue son temps, son précieux temps, sa quiétude. Il veut qu’on lui rende sa liberté.

Et quand, un peu mélancolique, il a reconquis tous ces biens, vers qui se tourne-t-il ? Vers son amie, son unique amie : « J’ai besoin, plus besoin que jamais d’aimer quelqu’un et d’en être aimé. J’ai compté sur vous pour toute la vie ; si vous me laissez là, je resterai seul… Revenez, revenez et vous me trouverez tel que j’ai toujours été. »

C’est au Grandval, chez le baron d’Holbach, que Diderot doit rencontrer le plus de tentations. Il est vrai qu’il se flatte d’y résister. Écoutez comme il en persuade Sophie : « Pour moi… qui aime avec une précision, un scrupule, une pureté vraiment angéliques, qui ne permettrais pas à un de mes soupirs, à un de mes regards de s’égarer… jugez combien j’ai dédaigné la tendresse courante ! Je suis un vrai janséniste, et pis encore ; et quoique Mme d’Aine la jeune soit faite au tour, qu’elle ait les plus jolis