Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/171

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fantaisie. Elle reste immuable, tant elle est plaisante. À tel point qu’à près de dix ans d’intervalle, Diderot la décrit dans les mêmes mots à son amie. On se lève tôt, on travaille jusqu’à midi, « où l’on dîne ferme et longtemps ». On plaisante un moment tout en sommeillant un peu sur les canapés. Puis les hommes prennent leur canne et font de longues promenades par la campagne. Ils retrouvent dans le salon les femmes qui se sont habillées. C’est l’heure de la musique et des jeux : le tric-trac, le billard, les échecs, les cartes. Après le souper, la causerie se prolonge souvent fort tard dans la soirée.

La vraie ordonnatrice, au Grandval, c’est Mme d’Aine, la belle-mère du baron. Elle est la propriétaire du château, elle règle les menus. C’est donc une personne fort sage, mais sous les apparences les plus folles. Elle est bien à l’image de la vie qu’elle gouverne. C’est elle qui, sans croire, s’agenouille le soir près de son lit pour édifier sa femme de chambre. « Mais quand vous êtes à genoux, à quoi rêvez-vous ? — Je rêve à ce que nous mangerons demain. » Un soir, la veillée finie, elle redescend en costume de nuit pour mettre le garde-