Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/184

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land ; elles lui laisseraient son émouvant caractère de durée. Il faut reconnaître à Diderot le mérite de la constance. Cet homme excessif était l’homme des longues entreprises. Quelle ironie de le montrer mobile, instable, tournant à tous les vents « comme le coq du clocher de l’église », alors que tous les grands traits de sa vie sont des traits de constance.

Il est constant dans ses habitudes : nous le voyons rester trente ans dans son logis de la rue Taranne, jusqu’au jour où la maladie lui interdit d’en gravir les quatre étages.

Il est constant dans l’amitié. Grimm, le joaillier Belle, sont des amis de trente ans. Condorcet disait qu’on était toujours dans son tort quand on se fâchait avec Diderot. Or, lui-même avait rompu. « Mais vous ? — J’avais tort. »

Il est constant dans ses convictions. Du jour, vers la quarantaine, où il parvient à l’athéisme, il reste trente ans fidèle à sa doctrine, même dans l’épreuve suprême, face à la mort.

Il est constant dans son labeur. C’est près de trente ans qu’il consacre à l’Encyclopédie, à travers les difficultés que l’on sait.