Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/190

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mine et protège, en attendant le fatal lotissement, tout ce coin du dix-huitième siècle.

Lorsque j’aperçus la façade aux vastes fenêtres cintrées, derrière les tilleuls de la terrasse qui borde la rue, j’eux l’impression de la reconnaître : j’étais déjà venu dans cette maison. En effet, pendant la guerre, son propriétaire l’avait mise à la disposition du Service des Inventions. Au fond du jardin, dans un souterrain creusé dans la colline, j’avais assisté aux essais d’un bouclier de mitrailleuse. La maison de Diderot, de ce grand humain, transformée en atelier de guerre… Décidément, la vie dépasse toujours les fictions des romanciers.

Je m’attardais devant tout ce passé, les petits pavillons en tourelles, l’allée carrossable où les roues ont tracé dans le pavé une ornière de pierre. Un corps de logis de noble allure, succédant à la terrasse, s’aligne sur la rue. Là, sans doute, avait habité Mme de Vermenoux, grande dame suisse, autre amie du joaillier, chez qui fréquentaient les Necker, les Marmontel, les Meister, toute une élite qui rendait Diderot aux chères délices de la causerie.

Une très vieille dame sortit de cette demeure et