Aller au contenu

Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Que de fois, en effet, il a prévu, défriché l’avenir. Prophète, il a eu la vision du télégraphe, du transformisme, de l’unité de la matière, de la science expérimentale, de l’instruction gratuite, de l’enseignement professionnel. Pionnier, il a ouvert des voies nouvelles à la critique, au journalisme, au théâtre, à l’éducation des aveugles et des sourds-muets. Brandissant sur son siècle l’Encyclopédie comme une arme et comme une torche, il abat des barrières et des préjugés, fraye des clairières, éveille des curiosités et des enthousiasmes. Mettant les métiers en honneur et en lumière, révélant l’importance de la machine et de l’ouvrier, il annonce la société nouvelle.

Et là, sur cette terrasse de Sèvres, il pourrait mesurer d’un regard le labeur de sa prodigieuse journée, en contemplant ce monde moderne dont il a préparé la venue. Si ce rideau de peupliers, qui frissonne comme les Vordes d’Isle-sur-Marne, s’entr’ouvrait à ses yeux, il verrait, grondant sous la brume du soir, l’océan de Paris déferler jusqu’à lui.