Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/25

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plus volontiers qu’il leur avait plu dès le premier abord.

Il connut leur histoire. Mme Champion, née de Malville, était originaire du Maine. Elle avait épousé par amour un manufacturier en étamine que la spéculation avait perdu et qui avait survécu de peu à sa ruine. Veuve, Mme Champion partit pour Paris avec sa petite fille Anne-Antoinette, qu’on devait plus tard appeler Nanette. Hébergée par une amie, elle plaça l’enfant au couvent des Miramionnes. C’est dans cette maison que Nanette apprit la couture et la broderie. Elle en sortit à seize ans. Depuis cette époque, les deux femmes vivaient de leur travail, paisibles et cachées.

Denis Diderot rendit d’abord visite à ses nouvelles amies plusieurs fois par semaine. Bientôt, il passa avec elles toutes les soirées. Heures délicieuses, qu’il attendait tout le reste du jour. Quinze ans plus tard, Diderot s’inspirera de cette idylle dans sa pièce Le Père de Famille. Il s’y peindra sous les traits de l’impétueux Saint-Albin, épris de sa jeune voisine, dont l’image le suit partout. Loin de la présence aimée, Diderot pouvait s’écrier