Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/26

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comme Saint-Albin : « Je ne pensais, je ne rêvais qu’elle ».

Mais les gens heureux n’aspirent qu’à le devenir davantage. Bientôt, il ne se contenta plus de ces douces soirées où, sous le regard vigilant de Mme Champion, il contemplait la belle et sage Nanette. À la fois plein d’ardeur et de respect, il rêvait au moment où elle serait à lui seul, à toutes les heures de la vie, où elle deviendrait sa femme.

Il était bien naturel que ce grand expansif, après dix ans de la vie la plus vagabonde, la plus solitaire et la plus décousue, rêvât d’un foyer où régnerait la tendresse. Car, pendant ces dix années-là, il avait été aussi privé de foyer que sevré de tendresse. Il arrivait à l’escale avec le plus menu bagage d’aventures.

Oh ! je sais que le lecteur déteste ces retours sur le passé. Moi aussi. Il en éprouve un tel ennui que, d’ordinaire, il les saute. Moi aussi. Mais je