Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un soir, un de ses amis, le fils du fameux horloger Le Roi, l’emmène souper dans une maison frivole. Denis avait de la jeunesse, de la gaieté, une folle fantaisie. Assis à côté de la maîtresse du lieu, il lui plut. Elle ne le lui laissa pas ignorer. Il resta seul avec elle. Déjà il assistait à son déshabillé, quand on heurta violemment à la porte. Le jeune Le Roi, ne voyant pas redescendre son ami, revenait à toutes jambes afin de lui apprendre le fâcheux état de la dame. Il était temps.

Une autre fois, il logeait juste au-dessous d’une femme entretenue. Il fit connaissance avec elle un jour qu’il faisait très chaud. Elle était étendue, languissante et peu vêtue. Il s’aperçut qu’elle était belle, le lui dit et s’apprêtait à appuyer son éloge quand, défendant ses charmes de sa main, elle l’arrêta tout court. Elle lui avoua qu’elle lui voulait du bien, mais qu’elle n’était pas sûre d’elle. Prête à lui complaire, elle craignait qu’il n’eût à s’en plaindre. Mais un grand benêt de voisin la pressait depuis longtemps. Elle lui céderait. Et bientôt elle saurait si elle pouvait accorder ses faveurs sans péril. Le grand benêt fut piteusement malade. Ainsi Dide-