Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/31

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rot échappa à un accident « dont la seule pensée le faisait frissonner ».

Certes, il eut bien aussi des engouements, mais sans durée ni profondeur. Écoutez en exemple l’histoire de la Lionnais, une danseuse de l’Opéra dont il se croyait épris. Justement, un de ses amis demeurait en face de la ballerine. Un jour, notre soupirant la vit s’habiller, fenêtre ouverte. Elle passa ses bas blancs et, soigneusement, elle en effaça les taches avec de la craie. Ce prosaïque détail suffit à désenchanter l’amoureux. Il racontait plus tard à sa fille que chaque tache enlevée diminuait sa passion et qu’à la fin de la toilette, son cœur était aussi net que les bas de la Lionnais.

En réalité, son cœur n’était pas en jeu. Dans ces passionnettes d’un jour, son imagination fougueuse et sensible tenait le grand rôle. Ces petits drames se jouaient dans sa tête et non pas dans son cœur.

Cependant ses deux voisines s’étonnaient à bon droit : plus approchait la date de son entrée au