que la rente de quelques milliers de livres, versée par les libraires de l’Encyclopédie, apportait au foyer. Mais, tout comme au temps où Berryer l’interrogeait sur l’Oiseau blanc, elle restait totalement ignorante des travaux de son mari. Faute de culture, elle ne s’était pas élevée en même temps que lui. Elle s’entourait volontiers de gens à sa taille, qui voyaient en Diderot un dangereux hérétique, le craignaient sans l’admirer et le lui laissaient voir. Quant à lui, il les accueillait avec son inaltérable bonhomie.
Il ne leur restait qu’une fille, Angélique, celle qui devait devenir Mme de Vandeul. Leurs trois autres enfants, nés de 1744 à 1750, n’avaient pas vécu. Aussi Mme Diderot, tremblant que sa petite Angélique ne subît le même sort, avait-elle fait le vœu de l’habiller en blanc et de la consacrer à la Vierge. Elle entourait d’autant plus jalousement sa petite fille qu’elle craignait davantage pour elle. Au surplus, Angélique n’avait que trois ans ; elle était à l’âge où l’enfant appartient presque aux seuls soins de sa mère et n’occupe pas encore une large place dans la vie de son père. Le philosophe ne devait découvrir sa fille que beaucoup plus tard.