Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plique et du mordant, le goût de l’étude et de la méditation, le dédain d’une vaine coquetterie, une droiture inflexible, une âpre franchise que Diderot ne cesse pas de célébrer, qu’il préfère « au poli maussade et commun de tous ces gens du monde ».

Mais Diderot n’était pas seul à la parer de tous ces dons, qu’il aurait pu lui prêter par amour. Nous avons des témoins. Ainsi M. de Villeneuve vient de passer trois mois au château d’Isle, avec Mme Volland, Mme Legendre et Sophie. Et chacun sait qu’un invité, après trois de mois de villégiature, juge ses hôtes avec une rigoureuse clairvoyance. Diderot le rencontre, l’interroge sur son séjour. Et les deux hommes tombent d’accord que Mme Legendre est ensorcelante, mais se communique peu, que Mme Volland est une femme d’un mérite rare, que Sophie a de l’esprit comme un démon, que sa franchise surtout plaît en elle, qu’elle n’a pas dû faire un mensonge volontaire depuis qu’elle a l’âge de raison.

Est-il un témoignage plus décisif que celui de Grimm, le sévère ami de Diderot ? Adjurant Sophie de veiller sur sa santé, il lui écrit : « D’où vient, Sophie, cette passion de la philosophie, inconnue