Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/74

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sure qu’il parle, cette lettre était à la fin « d’une violence qui ne se conçoit pas ». Une rupture lui paraît inévitable. Mme Volland garde deux jours la lettre dans sa poche, se la fait lire le troisième par Mme Legendre. Puis, par un mot très modéré, très bienveillant, elle invite Diderot à se rapprocher. Contradiction.

Mais le philosophe n’est pas rassuré : « J’augure mal de l’avenir. Votre mère a l’âme scellée des sept sceaux de l’Apocalypse. Sur son front est mis : mystère. Elle vous a promis, elle s’est promis à elle-même plus qu’il n’est en elle de tenir. »

En effet, Mme Volland, bien qu’elle ait autorisé sa fille à recevoir Diderot dans son propre appartement, s’inquiète et s’irrite de leurs longs tête-à-tête. Renonçant momentanément au départ pour Isle, elle amène le philosophe lui-même à s’éloigner pendant quelques semaines. Il se réfugie au château du Grandval, chez le baron d’Holbach, près de Champigny. Certes, l’exil n’est pas lointain. Diderot n’en souffre pas moins : « Combien je sacrifie de doux moments à votre mère… Il n’y a point de doute que si elle avait eu avec moi les procédés que je méritais,