Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la conjurait parfois de l’imiter, de raconter sa vie : « Mes lettres sont variées, et les vôtres le seront, et plus agréablement que les miennes, quand vous pourrez vous résoudre, comme moi, à m’envoyer vos conversations d’Isle. » Elle s’y refusait. Elle déclarait que, dans les lettres de son ami, c’étaient « les passages tendres » qui lui plaisaient le plus et elle s’obstinait à n’envoyer que de ces passages-là. D’ailleurs, lorsque Diderot s’était arrêté à Isle, Mme Volland lui avait dit elle-même : « Vous connaissez Mlle Volland ; son talent n’est pas fort sur les nouvelles. »

À de rares endroits de ses propres lettres, le philosophe reprend une des phrases de Sophie, afin de la commenter. Ces citations isolées permettent de juger du ton de l’ensemble. Parfois, Sophie se montre discrètement jalouse : « Il me dit des choses tendres, douces ; il les pense ; mais, n’en dit-il qu’à moi ? » Ailleurs, elle achève ainsi sa lettre : « Mercredi, à onze heures. Bonsoir, mon tendre ami ; je dors plus qu’à moitié, et je ne vous en aime pas moins. » Ou bien elle lui demande malicieusement « s’il lui convient d’être toujours aimé à la