Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/90

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folie ? » Ou encore elle lui déclare : « Ma mère voudrait bien encore passer ici trois mois ; le temps et l’éloignement ne peuvent rien changer à mes sentiments. »

Cependant Sophie ne restait pas uniquement sur la note sensible. Elle jugeait les ouvrages, romans, pièces de théâtre, essais philosophiques, que lui envoyait Diderot. Il appréciait fort l’opinion de son amie. Le charge-t-on, par exemple, d’un projet pour le tombeau du Dauphin dans la cathédrale de Sens ? Avec sa prodigieuse fécondité, il en esquisse une demi-douzaine qu’il soumet à Sophie. Enfin, dans ses Salons, il fait état des remarques que certains tableaux ont inspirées à son amie.

Sophie n’écrivait jamais bien longuement. Car en 1767, c’est-à-dire après onze ans de correspondance, Diderot s’exclame, en recevant une lettre d’elle : « Ah ! Voilà ce qui s’appelle une lettre, cela. Une fois en votre vie, vous aurez du moins causé cinq ou six pages de suite avec moi ! »

Mais si brèves que fussent ces lettres, il les trouvait admirables. Un jour, à propos d’une lettre de son cher Grimm, il écrit à Sophie : « Je viens de