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voyages portugais en Afrique, antérieurs au XVIII siècle, constitueraient nécessairement un travail trop considérable et trop long pour pouvoir satisfaire au besoin immédiat que vous avez de renseignements. Je me bornerai donc à vous donner quelques details recueillis à la hâte, sur le point que vous occupe en ce moment.

Il est certain, comme vous le dites, que « la première impression du public a été fausse et malheureuse lorsqu’on a cru y voir (sur le globe de Lyon) une diminution du mérite des voyageurs éminents qui ont parcouru dernièrement l’Afrique Centrale » ; toute fois notre enthousiasme justifié pour ces voyageurs, et en général l’histoire moderne de la géographie africaine, ont été grandement injustes, lorsqu’ils ont mis en oubli les efforts, les connaissances et les révélations antérieurs, ou lorsqu’ils ont voulu amoindrir ces révélations dont la plupart peuvent parfaitement être confrontées avec les descriptions modernes les plus auctorisées, soit dans la partie proprement géographique, soit dans la partie ethnographique et ethnologique. Une semblable injustice n’a d’ailleurs rien qui doive étonner, puisque, comme vous le savez, elle se reproduit si singulièrement dans l’histoire même des explorations modernes.

Lorsque Cameron dit que « les suppositions des anciens voyageurs et missionnaires portugais sont étonnamment proches de la vérité, » il se trompe en présentant génériquement comme de simples suppositions ce qui, dans beaucoup de cas, est une connaissance directement acquise. En outre, je ne puis attribuer qu’à une fatale ignorance de notre langue et de notre littérature géographique africaine, l’injuste affirmation de l’éminent géographe, M. Petermann, qui dit que « la part des Portugais dans l’exploration de l’Afrique est presque nulle et composée de renseignements incomplets et peu sûrs. »[1]

  1. Mittheilungen, 1877 — XII p. 466 — cit. Brucker, loco cit.