Page:Cormon et Crémieux - Robinson Crusoé, 1867.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VENDREDI.

Oh ! le maître est bon, généreux, il partagera tout avec Vendredi, n’est-ce pas ?

ROBINSON.

Oui… tout !

VENDREDI.

Tout ! et la femme blanche aussi ?

ROBINSON, souriant.

Ah ! non… non !… Là s’arrêtera ma générosité.

VENDREDI, très–surpris.

Pourquoi ?…

ROBINSON.

Parce que l’amour d’une femme est le trésor le plus grand que l’homme puisse posséder en ce monde, et ce trésor, on ne le partage pas… on le garde pour soi, pour soi seul !

VENDREDI, à part et regardant Robinson qui va rejoindre Edwige.

Pour soi seul ! Ça qui est méchant… ça qui est injuste !

Il va d’un air sombre s’asseoir à l’écart.

JIM-COCKS, . Il s’est affublé d’un lambeau de voile en guise de tablier, il tient d’une main une marmite et de l’autre deux ou trois volailles plumées.

Ah çà, mes bons amis, l’âme et le cœur étant satisfaits, songeons à la nature, elle a ses exigences et il me semble qu’un bouillon réparateur.

SUZANNE.

On peut se fier à Jim-Cocks, il en a la recette.

TOBY.

Et rien ne creuse comme de retrouver des amis.

ROBINSON.

Moi, je vais parcourir la colline, car c’est maintenant, Edwige, que l’espoir de la délivrance me devient plus cher. La brume s’est dissipée, peut-être reverrai-je le navire.

EDWIGE.

Quel navire ?

ROBINSON.

Un brick au pavillon portugais, qui depuis hier semblait croiser en vue de l’île.