Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/148

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et le succès funeste du crime ou de l’injustice est capable de nous en augmenter l’horreur naturelle, par l’appréhension d’un pareil malheur.

C’est en cela que consiste la troisième utilité du théâtre, comme la quatrième en la purgation des passions par le moyen de la pitié et de la crainte. Mais comme cette utilité est particulière à la tragédie, je m’expliquerai sur cet article au second volume, où je traiterai de la tragédie en particulier, et passe à l’examen des parties qu’Aristote attribue au poème dramatique. Je dis au poème dramatique en général, bien qu’en traitant cette matière il ne parle que de la tragédie ; parce que tout ce qu’il en dit convient aussi à la comédie, et que la différence de ces deux espèces de poèmes ne consiste qu’en la dignité des personnages, et des actions qu’ils imitent, et non pas en la façon de les imiter, ni aux choses qui servent à cette imitation.

Le poème est composé de deux sortes de parties. Les unes sont appelées parties de quantité, ou d’extension ; et Aristote en nomme quatre : le prologue, l’épisode, l’exode et le choeur. Les autres se peuvent nommer des parties intégrantes, qui se rencontrent dans chacune de ces premières pour former tout le corps avec elles. Ce philosophe y en trouve six : le sujet, les mœurs, les sentiments, la diction, la musique, et la décoration du théâtre.