Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/167

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nous en dit Aristote, qui nous marque plutôt la situation de ces parties, et l’ordre qu’elles ont entre elles dans la représentation, que la part de l’action qu’elles doivent contenir. Ainsi pour les appliquer à notre usage, le prologue est notre premier acte, l’épisode fait les trois suivants, l’exode le dernier.

Je dis que le prologue est ce qui se récite devant le premier chant du chœur, bien que la version ordinaire porte, devant la première entrée du chœur, ce qui nous embarrasserait fort, vu que dans beaucoup de tragédies grecques le chœur parle le premier, et ainsi elles manqueraient de cette partie, ce qu’Aristote n’eût pas manqué de remarquer. Pour m’enhardir à changer ce terme, afin de lever la difficulté, j’ai considéré qu’en ore que le mot grec <img src="01310271.gif" /> , dont se sert ici ce philosophe, signifie communément l’entrée en un chemin ou place publique, qui était le lieu ordinaire où nos anciens faisaient parler leurs acteurs, en cet endroit toutefois il ne peut signifier que le premier chant du choeur. C’est ce qu’il m’apprend lui-même un peu après, en disant que le <img src="01310272.gif" /> du chœur est la première chose que dit tout le chœur ensemble. Or quand le chœur entier disait quelque chose, il chantait ; et quand il parlait sans chanter, il n’y avait qu’un de ceux dont il était composé qui parlât au nom de tous. La raison en est que le chœur alors tenait lieu d’acteur, et que ce qu’il disait servait à l’action, et devait par conséquent être entendu ; ce qui n’eût pas été possible, si tous ceux qui le composaient, et qui étaient quelquefois jusqu’au nombre de cinquante, eussent parlé ou chanté tous à la fois. Il faut donc rejeter ce premier <img src="01310273.gif" />