Je règle mes desirs suivant mon intérêt.
Si Doris me vouloit, toute laide qu’elle est,
Je l’estimerois plus qu’Aminte et qu’Hippolyte ;
Son revenu chez moi tiendroit lieu de mérite :
C’est comme il faut aimer. L’abondance des biens
Pour l’amour conjugal a de puissants liens :
La beauté, les attraits, l’esprit, la bonne mine[1],
Échauffent bien le cœur, mais non pas la cuisine ;
Et l’hymen qui succède à ces folles amours.
Après quelques douceurs, a bien de mauvais jours[2]
Une amitié si longue est fort mal assurée
Dessus des fondements de si peu de durée[3].
L’argent dans le ménage a certaine splendeur
Qui donne un teint d’éclat à la même laideur[4] ;
Et tu ne peux trouver de si douces caresses i 25
Dont le goût dure autant que celui des richesses.
Auprès de ce bel œil qui tient mes sens ravis,
À peine pourrois-tu conserver ton avis.
La raison en tous lieux est également forte.
Allons, et tu verras dans ses aimables traits
Tant de charmants appas, tant de brillants attraits[6],
- ↑ Var. La beauté, les attraits, le port, la bonne mine,
Échauffent bien les draps, mais non pas la cuisine. (1633) - ↑ Var. Pour quelques bonnes nuits, a bien de mauvais jours. (1633-57)
- ↑ Var. [Dessus des fondements de si peu de durée.]
C’est assez qu’une femme ait un peu d’entregent,
La laideur est trop belle étant teinte en argent. (1633)
- ↑ L’or même à la laideur donne un teint de beauté,
a dit plus tard Boileau dans sa VIIIe satire. - ↑ En marge, dans l’édition de 1633 : Mélite paroît.
- ↑ Var. Tant de charmants appas, tant de divins attraits. (1633-57)