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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/354

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MÉLITE.

Le cœur me le disoit : je sentois que mes larmes
1420Refusoient de couler pour de fausses alarmes,
Dont les plus dangereux et plus rudes assauts[1]
Avoient beaucoup de peine à m’émouvoir à faux ;
Et je n’étudiai cette douleur menteuse
Qu’à cause qu’en effet j’étois un peu honteuse[2]
1425Qu’une autre en témoignât plus de ressentiment[3].

LISIS.

Après tout, entre nous, confesse franchement[4]
Qu’une fille en ces lieux, qui perd un frère unique,
Jusques au désespoir fort rarement se pique :
Ce beau nom d’héritière a de telles douceurs,
1430Qu’il devient souverain à consoler des sœurs.

CLORIS.

Adieu, railleur, adieu : son intérêt me presse
D’aller rendre d’un mot la vie à sa maîtresse[5] :
Autrement je saurois t’apprendre à discourir.

LISIS.

Et moi, de ces frayeurs de nouveau te guérir.

FIN DU QUATRIÈME ACTE.
  1. Var. Dont les plus furieux et plus rudes assauts
    Avoient bien de la peine à m’émouvoir à faux. (1633-57)
  2. Var. Qu’à cause que j’étois parfaitement honteuse. (1633-57)
  3. Var. Qu’un autre (a) en témoignât plus de ressentiment. (1633-60)
    (a). Il y a plus loin un semblable emploi du masculin dans le vers 1387 de Clitandre. Voyez le Lexique ; voyez aussi la première variante de la p. 241 et la huitième de la p. 365.
  4. Var. Mais avec tout cela confesse franchement. (1633-57)
  5. Var. D’aller vite d’un mot ranimer sa maîtresse ;
    Autrement je saurois te rendre ton paquet.
    lis. Et moi pareillement rabattre ton caquet. (1633-57)