Le cœur me le disoit : je sentois que mes larmes
Refusoient de couler pour de fausses alarmes,
Dont les plus dangereux et plus rudes assauts[1]
Avoient beaucoup de peine à m’émouvoir à faux ;
Et je n’étudiai cette douleur menteuse
Qu’à cause qu’en effet j’étois un peu honteuse[2]
Qu’une autre en témoignât plus de ressentiment[3].
Après tout, entre nous, confesse franchement[4]
Qu’une fille en ces lieux, qui perd un frère unique,
Jusques au désespoir fort rarement se pique :
Ce beau nom d’héritière a de telles douceurs,
Qu’il devient souverain à consoler des sœurs.
Adieu, railleur, adieu : son intérêt me presse
D’aller rendre d’un mot la vie à sa maîtresse[5] :
Autrement je saurois t’apprendre à discourir.
Et moi, de ces frayeurs de nouveau te guérir.
- ↑ Var. Dont les plus furieux et plus rudes assauts
Avoient bien de la peine à m’émouvoir à faux. (1633-57) - ↑ Var. Qu’à cause que j’étois parfaitement honteuse. (1633-57)
- ↑ Var. Qu’un autre (a) en témoignât plus de ressentiment. (1633-60)
(a). Il y a plus loin un semblable emploi du masculin dans le vers 1387 de Clitandre. Voyez le Lexique ; voyez aussi la première variante de la p. 241 et la huitième de la p. 365. - ↑ Var. Mais avec tout cela confesse franchement. (1633-57)
- ↑ Var. D’aller vite d’un mot ranimer sa maîtresse ;
Autrement je saurois te rendre ton paquet.
lis. Et moi pareillement rabattre ton caquet. (1633-57)