Aller au contenu

Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/356

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
230
MÉLITE.
CLITON.

Arrêtez, arrêtez, poltrons !Adieu, Nourrice :
Voici ce fou qui vient, je l’entends à la voix ;
1450Crois que ce n’est pas moi qu’il attrape deux fois.

LA NOURRICE.

Pour moi, quand je devrois passer pour Proserpine[1],
Je veux voir à quel point sa fureur le domine.

CLITON.

Contente à tes périls ton curieux désir[2].

LA NOURRICE.

Quoi qu’il puisse arriver, j’en aurai le plaisir.


Scène II.

ÉRASTE, la Nourrice.
ÉRASTE[3].

1455En vain je les rappelle, en vain pour se défendre
La honte et le devoir leur parlent de m’attendre[4] ;
Ces lâches escadrons de fantômes affreux
Cherchent leur assurance aux cachots les plus creux.
Et se fiant à peine à la nuit qui les couvre,
1460Souhaitent sous l’enfer qu’un autre enfer s’entr’ouvre.
Ma voix met tout en fuite, et dans ce vaste effroi[5],
La peur saisit si bien les ombres et leur roi,
Que se précipitant à de promptes retraites,
Tous leurs soucis ne vont qu’à les rendre secrètes.
1465Le bouillant Phlégéthon, parmi ses flots pierreux,

  1. Var. Et moi, quand je devrois passer pour Proserpine. (1633-63)
  2. Var. Adieu ; soûle à ton dam ton curieux desir. (1633-57)
  3. Var. éraste, l’épée au poing. (1633-57) — L’épée a la main (1660)
  4. Var. La honte et le devoir leur parle de m’attendre. (1533-57)
  5. Var. La peur renverse tout, et dans ce désarroi
    Elle saisit si bien les ombres et leur roi. (1633-57)