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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/404

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CLITANDRE.



Scène II.

ROSIDOR, LYSARQUE[1].
ROSIDOR.

Ce devoir, ou plutôt cette importunité,
Au lieu de m’assurer de ta fidélité,
Marque trop clairement ton peu d’obéissance[2].
50Laisse-moi seul, Lysarque, une heure en ma puissance ;
Que retiré du monde et du bruit de la cour,
Je puisse dans ces bois consulter mon amour[3] ;
Que là Caliste seule occupe mes pensées,
Et par le souvenir de ses faveurs passées
55Assure mon espoir de celles que j’attends ;
Qu’un entretien rêveur durant ce peu de temps
M’instruise des moyens de plaire à cette belle,
Allume dans mon cœur de nouveaux feux pour elle :
Enfin, sans persister dans l’obstination,
60Laisse-moi suivre ici mon inclination.

LYSARQUE.

Cette inclination, qui jusqu’ici vous mène[4]
À me la déguiser vous donne trop de peine.
Il ne faut point. Monsieur, beaucoup l’examiner :
L’heure et le lieu suspects font assez deviner
65Qu’en même temps que vous s’échappe quelque dame…
Vous m’entendez assez.

ROSIDOR.

Vous m’entendez assez.Juge mieux de ma flamme,
Et ne présume point que je manque de foi[5]

  1. Var. lysarque, son écuyer. (1632)
  2. Var. Me prouve évidemment ta désobéissance. (1632-57)
  3. Var. Je puisse dans le bois consulter mon amour. (1632)
  4. Var. Cette inclination secrète qui vous mène. (1632-57)
  5. Var. On ne verra jamais que je manque de foi