Aller au contenu

Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/414

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
288
CLITANDRE.

Dont le récit n’étoit qu’une embûche à tes jours[1] :
Rosidor t’est fidèle, et cette feinte amante
210Brûle aussi peu pour lui que je fais pour Pymante.

CALISTE.

Déloyale, ainsi donc ton courage inhumain…

DORISE.

Ces injures en l’air n’arrêtent point ma main.

CALISTE.

Le reproche honteux d’une action si noire[2]

DORISE.

Qui se venge en secret, en secret en fait gloire.

CALISTE.

215T’ai-je donc pu, ma sœur, déplaire en quelque point ?

DORISE.

Oui, puisque Rosidor t’aime et ne m’aime point ;
C’est assez m’offenser que d’être ma rivale.


Scène IX.

ROSIDOR, PYMANTE, GÉRONTE, LYCASTE, CALISTE, DORISE.
Comme Dorise est prête de tuer Caliste, un bruit entendu lui fait relever son épée, et Rosidor paroît tout en sang, poursuivi par ces trois assassins masqués. En entrant, il tue Lycaste ; et retirant son épée, elle se rompt contre la branche d’un arbre. En cette extrémité, il voit celle[3] que tient Dorise ; et sans la reconnoître, il s’en saisit, et passe tout d’un temps le tronçon qui lui restoit de la sienne en la main gauche, et se défend ainsi contre Pymante et Géronte, dont il tue le dernier et met l’autre en fuite.
ROSIDOR.

Meurs, brigand. Ah ! malheur ! cette branche fatale

  1. Var. Dont le récit n’étoit qu’un embûche à tes jours. (1654 et 60)
  2. Var. Le reproche éternel d’une action si lâche…
    dor. Agréable toujours, n’aura rien qui me fâche. (1632-57)
  3. Var. Il voit l’épée. (1632)