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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/415

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ACTE I, SCÈNE IX.

A rompu mon épée. Assassins… Toutefois,
220J’ai de quoi me défendre une seconde fois.

DORISE, s’enfuyant[1].

N’est-ce pas Rosidor qui m’arrache les armes ?
Ah ! qu’il me va causer de périls et de larmes[2] !
Fuis, Dorise, et fuyant laisse-toi reprocher
Que tu fuis aujourd’hui ce qui t’est le plus cher.

CALISTE.

225C’est lui-même de vrai. Rosidor, ah ! je pâme !
Et la peur de sa mort ne me laisse point d’âme.
Adieu, mon cher espoir.

ROSIDOR, après avoir tué Géronte.

Adieu, mon cher espoir.Cettui-ci dépêché,
C’est de toi maintenant que j’aurai bon marché.
Nous sommes seul à seul. Quoi ! ton peu d’assurance[3]
230Ne met plus qu’en tes pieds sa dernière espérance ?
Marche, sans emprunter d’ailes de ton effroi :
Je ne cours point après des lâches comme toi[4].
Il suffit de ces deux. Mais qui pourroient-ils être ?
Ah ciel ! le masque ôté me les fait trop connoître[5].
235Le seul Clitandre arma contre moi ces voleurs ;
Cettui-ci fut toujours vêtu de ses couleurs[6] ;
Voilà son écuyer, dont la pâleur exprime
Moins de traits de la mort que d’horreurs de son crime[7] ;
Et ces deux reconnus, je douterois en vain[8]

  1. Var. Laissant Calise, et s’enfuyant. (1682) — Ce jeu de scène n’est point indiqué dans l’édition de 1663.
  2. Var. Las ! qu’il me va causer de périls et de larmes ! (1632-57)
  3. En marge, dans les éditions de 1632 et de 1663 : Pymante fuit.
  4. Var. Je ne cours point après de tels coquins que toi. (1632-57)
  5. En marge, dans l’édition de 1632 : Il les démasque.
  6. Var. Cettui-ci fut toujours couvert de ses couleurs, (1654)
  7. Var. Moins de traits de la mort que l’horreur de son crime. (1657)
  8. Var. Et j’ose présumer avec juste raison
    Que le tiers est sans doute encor de sa maison.
    Traître, traître rival, crois-tu que ton absence. (1632-57)