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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/424

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CLITANDRE.

Fais que d’un même habit la trompeuse apparence,
Qui le mit en péril, te mette en assurance.
Mais ce masque l’empêche, et me vient reprocher[1]
Un crime qu’il découvre au lieu de me cacher.
3Ce damnable instrument de mon traître artifice,
Après mon coup manqué, n’en est plus que l’indice ;
Et ce fer, qui tantôt, inutile en ma main[2].
Que ma fureur jalouse avoit armée en vain.
Sut si mal attaquer et plus mal me défendre,
390N’est propre désormais qu’à me faire surprendre.

(Il jette son masque et son épée dans la grotte[3].)

Allez, témoins honteux de mes lâches forfaits,
N’en produisez non plus de soupçons que d’effets[4].
Ainsi n’ayant plus rien qui démente ma feinte,
Dedans cette forêt je marcherai sans crainte,
Tant que…


Scène II.

LYSARQUE, PYMANTE, Archers[5].
LYSARQUE.

Tant que…Mon grand ami !

PYMANTE.

Tant que…Mon grand ami !Monsieur ?

  1. En marge, dans l’édition de 1632 : Il tire son masque.
  2. Var. Et ce fer, qui tantôt, inutile en mon poing,
    Ainsi que ma valeur me faillant au besoin. (1632)
  3. Ce jeu de scène n’est point indiqué dans l’édition de 1660.
  4. Var. [N’en produisez non plus de soupçons que d’effets.]
    Cessez de m’accuser : vous doit-il pas suffire
    De m’avoir mal servi ? c’est trop que de me nuire.
    Allez, retirez-vous dans ces obscurités ;
    (Il jette son masque et son épice dans la caverne.)
    Ainsi je pourrai voir le jour que vous quittez ;
    [Ainsi n’ayant plus rien qui démente ma feinte.] (1632-57)
  5. Var. troupe d’archers. (1632-60)