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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/429

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ACTE II, SCÈNE IV.

Scène IV.

FLORIDAN, CLITANDRE, Page[1].
FLORIDAN, parlant a son page[2].

Ce cheval trop fougueux m’incommode à la chasse ;
Tiens-m’en un autre prêt, tandis qu’en cette place,
À l’ombre des ormeaux l’un dans l’autre enlacés,
460Clitandre m’entretient de ses travaux passés.
Qu’au reste les veneurs, allant sur leurs brisées,
Ne forcent pas le cerf, s’il est aux reposées ;
Qu’ils prennent connoissance, et pressent mollement,
Sans le donner aux chiens qu’à mon commandement.

(Le Page rentre[3].)

465Achève maintenant l’histoire commencée
De ton affection si mal récompensée.

CLITANDRE.

Ce récit ennuyeux de ma triste langueur,
Mon prince, ne vaut pas le tirer en longueur ;
J’ai tout dit en un mot : cette fière Caliste
470Dans ses cruels mépris incessamment persiste ;
C’est toujours elle-même ; et sous sa dure loi
Tout ce qu’elle a d’orgueil se réserve pour moi,
Cependant qu’un rival, ses plus chères délices,
Redouble ses plaisirs en voyant mes supplices.

FLORIDAN.

475Ou tu te plains à faux, ou, puissamment épris,
Ton courage demeure insensible aux mépris ;

  1. Var. page du prince. (1632) — L’édition de 1632 ajoute aux personnages cléon ; les scènes iv et v y sont réunies en une seule. Voyez la note 1 de la page 305.
  2. Var. Il parle à son page, qui tient en main une bride et fait paraître la tête d un cheval. (1632, en marge.) — Il parle à son page. (1663, en marge.)
  3. Var. Le Page s’en va, et le Prince commence a parler à Clitandre. (1632, en marge). — Ce jeu de scène n’est point indiqué dans les éditions de 1644-60.