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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/442

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CLITANDRE.

Aussi n’est-ce qu’à moi de punir ces forfaits,
Et de montrer à tous par de puissants effets
Qu’attaquer Rosidor, c’est se prendre à moi-même :
710Tant je veux que chacun respecte ce que j’aime !
Je le ferai bien voir. Quand ce perfide tour
Auroit eu pour objet le moindre de ma cour,
Je devrois au public, par un honteux supplice,
De telles trahisons l’exemplaire justice.
715Mais Rosidor, surpris et blessé comme il l’est[1],
Au devoir d’un vrai roi joint mon propre intérêt[2].
Je lui ferai sentir, à ce traître Clitandre,
Quelque part que le Prince y puisse ou veuille prendre[3].
Combien mal à propos sa folle vanité[4]
720Croyoit dans sa faveur trouver l’impunité.
Je tiens cet assassin : un soupçon véritable[5],
Que m’ont donné les corps d’un couple détestable,
De son lâche attentat m’avoit si bien instruit[6],
Que déjà dans les fers il en reçoit le fruit.
725Toi, qu’avec Rosidor le bonheur a sauvée,
Tu te peux assurer que, Dorise trouvée,
Comme ils avoient choisi même heure à votre mort,
En même heure tous deux auront un même sort.

CALISTE.

Sire, ne songez pas à cette misérable ;
Rosidor garanti me rend sa redevable[7],

  1. Var. Mais Rosidor, surpris et blessé comme il est. (1632-60)
  2. Var. À mon devoir de roi joint mon propre intérêt. (1632-57)
  3. Var. Quelque part que mon fils y puisse ou veuille prendre. (1632-60)
  4. Var. Combien mal à propos sa sotte vanité. (1632-57)
  5. Var. Je le tiens, l’affronteur : un soupçon véritable. (1632)
  6. Var. M’avoit si bien instruit de son perfide tour,
    Qu’il s’est vu mis aux fers sitôt que de retour. (1632-57)
  7. Var. Quelque dessein qu’elle eût, je lui suis redevable,
    Et lui voudrai du bien le reste de mes jours
    De m’avoir conservé l’objet de mes amours.
    le roi. L’un et l’autre attentat plus que vous deux me touche :
    Vous avez bien, de vrai, la clémence en la bouche ;