Et je me sens forcée à lui vouloir du bien
D’avoir à votre État conservé ce soutien.
Le généreux orgueil des âmes magnanimes
Par un noble dédain sait pardonner les crimes ;
Mais votre aspect m’emporte à d’autres sentiments,
Dont je ne puis cacher les justes mouvements ;
Ce teint pâle à tous deux me rougit de colère[1],
Et vouloir m’adoucir, c’est vouloir me déplaire[2].
Mais, Sire, que sait-on ? peut-être ce rival,
Qui m’a fait après tout plus de bien que de mal[3],
Sitôt qu’il vous plaira d’écouter sa défense,
Saura de ce forfait purger son innocence.
Et par où la purger ? Sa main d’un trait mortel
A signé son arrêt en signant ce cartel[4].
Peut-il désavouer ce qu’assure un tel gage[5],
Envoyé de sa part, et rendu par son page ?
Peut-il désavouer que ses gens déguisés
De son commandement ne soient autorisés ?
Les deux, tous morts qu’ils sont, qu’on les traîne à la boue[6] ;
L’autre, aussitôt que pris, se verra sur la roue[7] ;
- ↑ Var. Votre pâleur de teint me rougit de colère. (1632)
- ↑ Var. Et vouloir m’adoucir, ce n’est que me déplaire. (1632-57)
- ↑ Var. Qui m’a fait en tout cas plus de bien que de mal,
Lorsqu’au votre conseil vous orrez sa défense. (1632-57) - ↑ En marge, dans l’édition de 1632 : Il montre un cartel qu’il avoit reçu de Rosidor avant que d’entrer.
- ↑ Var. [Envoyé de sa part, et rendu par son page,]
Peut-il désavouer ce funeste message ?
[Peut-il désavouer que ses gens déguisés.] (1632-57) - ↑ C’est ce qu’on appelait traîner sur la claie. Les cadavres de ceux qui avaient subi ce châtiment après leur mort étaient d’ordinaire jetés à la voirie.
- ↑ Var. L’autre, aussitôt que pris, se mettra sur la roue. (1632-57)