[1] :
Il te donne beaucoup en ce qu’il t’interdit,
Et tu gagnes beaucoup d’y perdre ton crédit.
On voit dans ces refus une marque certaine[2]
Que contre Rosidor toute prière est vaine.
Ses violents transports sont d’assurés témoins
Qu’il t’écoutoroit mieux s’il te chérissoit moins.
Mais un plus long séjour pourroit ici te nuire[3] :
Ne perdons plus de temps ; laisse-moi te conduire[4]
Jusque dans l’antichambre où Lysarque t’attend,
Et montre désormais un esprit plus content.
Si près de te quitter…
Tous deux nous ressentons cette commune atteinte ;
Mais d’un fâcheux respect la tyrannique loi
M’appelle chez la Reine et m’éloigne de toi.
Il me lui faut conter comme l’on m’a surprise,
Excuser mon absence en accusant Dorise ;
Et lui dire comment, par un cruel destin[5],
Mon devoir auprès d’elle a manqué ce matin.
Va donc, et quand son âme, après la chose sue,
Fera voir la pitié qu’elle en aura conçue,
Figure-lui si bien Clitandre tel qu’il est.
Qu’elle n’ose en ses feux prendre plus d’intérêt.
- ↑ Var. Mon cœur, ainsi le Roi, te refusant, t’oblige. (1632-57)
- ↑ Var. Vois dedans ces refus une marque certaine. (1632-57)
- ↑ Var. Mais un plus long séjour ici te pourroit nuire. (1632-60)
- ↑ Var. Viens donc, mon cher souci, laisse-moi te conduire. (1632-57)
- ↑ Var. Et l’informer comment, par un cruel destin. (1632-64)