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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/444

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CLITANDRE.

Et pour le scélérat que je tiens prisonnier,
Ce jour que nous voyons lui sera le dernier.
Qu’on l’amène au conseil ; par forme il faut l’entendre[1],
Et voir par quelle adresse il pourra se défendre.
755Toi, pense à te guérir, et crois que pour le mieux
Je ne veux pas montrer ce perfide à tes yeux :
Sans doute qu’aussitôt qu’il se feroit paroître,
Ton sang rejailliroit au visage du traître.

ROSIDOR.

L’apparence déçoit, et souvent on a vu
760Sortir la vérité d’un moyen imprévu[2],
Bien que la conjecture y fût encor plus forte ;
Du moins, Sire, apaisez l’ardeur qui vous transporte ;
Que l’âme plus tranquille et l’esprit plus remis,
Le seul pouvoir des lois perde nos ennemis.

ALCANDRE.

765Sans plus m’importuner, ne songe qu’à tes plaies.
Non, il ne fut jamais d’apparences si vraies ;
Douter de ce forfait, c’est manquer de raison.
Derechef, ne prends soin que de ta guérison[3].


Scène II.

ROSIDOR, CALISTE.
ROSIDOR.

Ah ! que ce grand courroux sensiblement m’afflige !

  1. Var. Qu’on l’amène au conseil, seulement pour entendre
    Le genre de sa mort, et non pour se défendre (a).
    Toi, va te mettre au lit, et crois que pour le mieux. (1632-57)
    (a). En marge, dans l’édition de 1632 : Le Prévôt sort, et va quérir Clitandre.
  2. Var. Sortir la vérité d’un moyen impourvu. (1632)
  3. En marge, dans l’édition de 1632 : Il sort. — Il n’y a pas de distinction de scène.