S’il n’eût été nourri d’un réciproque amour.
Oui, Caliste, et je veux toujours qu’il m’en souvienne,
J’aperçus aussitôt ta flamme que la mienne :
L’amour apprit ensemble à nos cœurs à brûler ;
L’amour apprit ensemble à nos yeux à parler ;
Et sa timidité lui donna la prudence
De n’admettre que nous en notre confidence :
Ainsi nos passions se déroboient à tous ;
Ainsi nos feux secrets n’ayant point de jaloux[1]…
Mais qui vient jusqu’ici troubler mes rêveries ?
Scène III.
Celle qui voudroit voir tes blessures guéries,
Celle…
De pardonner ce crime à tout autre[2] qu’à toi.
De notre amour naissant la douceur et la gloire
De leur charmante idée occupoient ma mémoire :
Je flattois ton image, elle me reflattoit ;
Je lui faisois des vœux, elle les acceptoit ;
Je formois des désirs, elle en aimoit l’hommage.
La désavoueras-tu, cette flatteuse image ?
Voudras-tu démentir notre entretien secret ?
Seras-tu plus mauvaise enfin que ton portrait ?
Tu pourrois de sa part te faire tant promettre,