Aller au contenu

Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/517

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
391
HOMMAGES ADDRESSÉS À CORNEILLE

Que de raison à s’en defendre,
et que les argus les plus grands,
Pour y trouver de quoi reprendre,
N’ont point d’yeux assez pénétrants.

Apollon, qui par ses oracles
A plus d’éclat (qu’il n’eut jamais,
Tient sur les deux sacrés sommets
Tes vers pour autant de miracles ;
Et les plaisirs que ces neuf sœurs
Trouvent dans les rares douceurs
Que parfaitement tu leur donnes,
Sont purs témoignages de foi
Qu’au partage de leurs couronnes
La plus digne sera pour toi.
Marcel.


À MONSIEUR CORNEILLE SUR SA VEUVE.
STANCES.

Divin esprit, puissant génie,
Tu vas produire en moi des miracles divers ;
Je n’ai jamais donné de louange infinie,
Et je ne croyois plus pouvoir faire de vers.

Il te falloit, pour m’y contraindre,
Faire une belle Veuve et lui donner des traits
Dont mon cœur amoureux peut[1] se laisser atteindre ;
L’amour me fait rimer et louer ses attraits.

Digne sujet de mille flammes.
Incomparable Veuve, ornement de ce temps,
Tu vas mettre du trouble et du feu dans les âmes.
Faisant moins d’ennemis que de cœurs inconstants.

Qui vit jamais tant de merveilles ?
Mes sens sont aujourd’hui l’un de l’autre envieux :
Ton discours me ravit l’âme par les oreilles,
Et ta beauté la veut arracher par les yeux.

  1. Ainsi dans la première édition ; mais c’est sans doute peust, c’est-à-dire put, qu’il faut lire.