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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/518

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LA VEUVE.

Quand on te voit, les plus barbares
À tes charmes sans fard et tes naïfs appas
Donneroient mille cœurs, et des choses plus rares
S’ils en pouvoient avoir, pour ne te perdre pas.

Lorsqu’on t’entend, les plus critiques
Remarquent tes discours et font tous un serment
De les faire observer pour des lois authentiques,
Et de condamner ceux qui parlent autrement.

Cher ami, pardon si ma Muse,
Pour plaire à mon amour manque à notre amitié ;
Donnant tout à ta fille, elle a bien cette ruse
De juger que tu dois en avoir la moitié.

Prends donc en gré tant de franchise,
Et ne t’étonne pas si ceci ne vaut rien.
Par son désordre seul tu sauras ma surprise :
Un cœur qui sait aimer ne s’exprime pas bien.

Il me suffit que je me treuve
Dans ce rang qui n’est pas à tout chacun permis,
Des humbles serviteurs de ton aimable Veuve,
Et de ceux que tu tiens pour tes meilleurs amis.
Voille.

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STANCES SUR LES ŒUVRES DE MONSIEUR CORNEILLE.

Corneille, occupant nos esprits,
Fait voir par ces divins écrits
Que nous vivions dans l’ignorance,
Et je crois que tout l’univers
Saura bientôt que notre France
N’a que lui seul qui fait des vers.

La nature tout à loisir
A pris un extrême plaisir
À créer ta veine animée.
Et parlant ainsi que les Dieux,
Le temps veut que la renommée
T’aille publier en tous lieux.