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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/529

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ACTE I, SCÈNE I.

Nous font voir chaque jour nos âmes toutes nues,
75Nous sont de bons garants d’un feu qui chaque jour…

ALCIDON.

Tout cela cependant sans lui parler d’amour ?

PHILISTE.

Sans lui parler d’amour.

ALCIDON.

Sans lui parler d’amour.J’estime ta science ;
Mais j’aurois à l’épreuve un peu d’impatience.

PHILISTE.

Le ciel, qui nous choisit lui-même des partis[1],
80A tes feux et les miens prudemment assortis ;
Et comme à ces longueurs t’ayant fait indocile,
Il te donne en ma sœur un naturel facile,
Ainsi pour cette veuve il a su m’enflammer[2],
Après m’avoir donné par où m’en faire aimer.

ALCIDON.

85Mais il lui faut enfin découvrir ton courage.

PHILISTE.

C’est ce qu’en ma faveur sa nourrice ménage :
Cette vieille subtile a mille inventions
Pour m’avancer au but de mes intentions ;
Elle m’avertira du temps que je dois prendre ;
90Le reste une autre fois se pourra mieux apprendre :
Adieu.

ALCIDON.

Adieu.La confidence avec un bon ami
Jamais sans l’offenser ne s’exerce à demi.

PHILISTE.

Un intérêt d’amour me prescrit ces limites :

  1. Var. Le ciel, qui bien souvent nous choisit des partis. (1634-57)
    Var. Cet ordre qui du ciel nous choisit des partis. (1660)
  2. Var. Ainsi pour cette veuve il voulut m’enflammer. (1634-60)