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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/531

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ACTE I, SCÈNE II.
ALCIDON.

Je viens de le quitter[1].

LA NOURRICE.

Je viens de le quitter__.Eh bien ! que t’a-t-il dit ?

ALCIDON.

Que tu veux employer pour lui tout ton crédit,
Et que rendant toujours quelque petit service,
110Il s est fait une entrée en l’âme de Clarice.

LA NOURRICE.

Moindre qu’il ne présume. Et toi ?

ALCIDON.

Moindre qu’il ne présume. Et toi ?Je l’ai poussé
À s’enhardir un peu plus que par le passé,
Et découvrir son mal à celle qui le cause.

LA NOURRICE.

Pourquoi ?

ALCIDON.

Pourquoi ?Pour deux raisons : l’une, qu’il me propose
115Ce qu’il a dans le cœur beaucoup plus librement[2] ;
L’autre, que ta maîtresse après ce compliment
Le chassera peut-être ainsi qu’un téméraire.

LA NOURRICE.

Ne l’enhardis pas tant : j’aurois peur au contraire[3]
Que malgré tes raisons quelque mal ne t’en prît ;
120Car enfin ce rival est bien dans son esprit[4],
Mais non pas tellement qu’avant que le mois passe
Notre adresse sous main ne le mette en disgrâce[5].

ALCIDON.

Et lors ?

LA NOURRICE.

Et lors ?Je te réponds de ce que tu chéris.

  1. Var. Je le viens de quitter. (1634-60)
  2. Var. Ce qu’il a sur le cœur beaucoup plus librement. (1634)
  3. Var. Ne l’enhardis pas tant : j’aurois peur du contraire. (1634-57)
  4. Var. Ce rival, d’assurance, est bien dans son esprit. (1634-57)
  5. Var. Nous ne le sachions mettre en sa mauvaise grâce. (1634-57