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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/533

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ACTE I, SCÈNE II.
ALCIDON.

Tu veilleras pour moi d un soin plus diligent.

LA NOURRICE.

Ce sera donc pour vous plus que pour votre argent[1].


Scène III.

CHRYSANTE, DORIS.
CHRYSANTE.

C’est trop désavouer une si belle flamme,
150Qui n a rien de honteux, rien de sujet au blâme :
Confesse-le, ma fille, Alcidon a ton cœur ;
Ses rares qualités l’en ont rendu vainqueur.
Ne vous entr’appeler que « mon âme et ma vie, »
C’est montrer que tous deux vous n’avez qu’une envie,
155Et que d’un même trait vos esprits sont blessés.

DORIS.

Madame, il n’en va pas ainsi que vous pensez.
Mon frère aime Alcidon, et sa prière expresse
M’oblige à lui répondre en termes de maîtresse.
Je me fais, comme lui, souvent toute de feux ;
160Mais mon cœur se conserve, au point où je le veux,
Toujours libre, et qui garde une amitié sincère
À celui que voudra me prescrire une mère.

CHRYSANTE.

Oui, pourvu qu’Alcidon te soit ainsi prescrit.

DORIS.

Madame, pussiez-vous lire dans mon esprit !
165Vous verriez jusqu’où va ma pure obéissance.

CHRYSANTE.

Ne crains pas que je veuille user de ma puissance :

  1. La leçon de 1644 :
    Ce sera donc pour plus que vous pour votre argent,
    est évidemment une faute d’impression.