Aller au contenu

Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/539

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
413
ACTE I, SCÈNE III.
GÉRON.

Non, non.Vous savez donc les deux difficultés
Qui jusqu’à maintenant vous tiennent arrêtés[1] ?

CHRYSANTE.

Il veut son avantage, et nous cherchons le nôtre.

GÉRON.

« Va, Géron, m’a-t-il dit ; et pour l’une et pour l’autre,
275Si par dextérité tu n’en peux rien tirer,
Accorde tout plutôt que de plus différer.
Doris est à mes yeux de tant d’attraits pourvue,
Qu’il faut bien qu’il m’en coûte un peu pour l’avoir vue. »
Mais qu’en dit votre fille ?

CHRYSANTE.

Elle suivra mon choix[2],
280Et montre une âme prête à recevoir mes lois ;
Non qu’elle en fasse état plus que de bonne sorte :
Il suffit qu’elle voit ce que le bien apporte,
Et qu’elle s’accommode aux solides raisons
Qui forment à présent les meilleures maisons.

GÉRON.

285À ce compte, c’est fait. Quand vous plaît-il qu’il vienne[3]
Dégager ma parole, et vous donner la sienne ?

CHRYSANTE.

Deux jours me suffiront, ménagés dextrement,
Pour disposer mon fils à son contentement[4].
Durant ce peu de temps, si son ardeur le presse.
290Il peut hors du logis rencontrer sa maîtresse :
Assez d’occasions s’offrent aux amoureux.

  1. Var. Qui jusqu’à maintenant nous tiennent arrêtés. (1634)
  2. Var. chrys. Ainsi que je voulois,
    Elle se montre prête à recevoir mes lois. (1634-63)
  3. Var. À ce compte, c’est fait. Quand voulez-vous qu’il vienne. (1634-57)
  4. Var. Pour disposer mon fils à mon contentement. (1634-57)