Tu serois assez fin pour bien cacher ton jeu.
C’est ce qui ne se peut : l’amour est tout de feu,
Il éclaire en brûlant, et se trahit soi-même.
Un esprit amoureux, absent de ce qu’il aime[1],
Par sa mauvaise humeur fait trop voir ce qu’il est :
Toujours morne, rêveur, triste, tout lui déplaît ;
À tout autre propos qu’à celui de sa flamme,
Le silence à la bouche, et le chagrin en l’âme,
Son œil semble à regret nous donner ses regards.
Et les jette à la fois souvent de toutes parts.
Qu’ainsi sa fonction confuse ou mal guidée[2]
Se ramène en soi-même, et ne voit qu’une idée ;
Mais auprès de l’objet qui possède son cœur,
Ses esprits ranimés reprennent leur vigueur :
Gai, complaisant, actif…
Enfin que veux-tu dire ?
Que par ces actions que je viens de décrire,
Vous, de qui j’ai l’honneur chaque jour d’approcher,
Jugiez pour quel objet l’amour m’a su toucher[3].
Pour faire un jugement d’une telle importance.
Il faudroit plus de temps. Adieu : la nuit s’avance.
Te verra-t-on demain ?
Jamais commandements ne me furent si doux :