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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/551

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ACTE II, SCÈNE II.

Éloignez quelque temps ce dangereux charmeur[1],
Faites en son absence essai d’une autre humeur[2] ;
Pratiquez-en quelque autre, et désintéressée
500Comparez-lui l’objet dont vous êtes blessée ;
Comparez-en l’esprit, la façon, l’entretien,
Et lors vous trouverez qu’un autre le vaut bien.

CLARICE.

Exercer contre moi de si noirs artifices !
Donner à mon amour de si cruels supplices !
505Trahir tous mes désirs ! éteindre un feu si beau[3] !
Qu’on m’enferme plutôt toute vive au tombeau.
Fais venir cet amant : dussé-je la première[4]
Lui faire de mon cœur une ouverture entière,
Je ne permettrai point qu’il sorte d’avec moi[5]
510Sans avoir l’un à l’autre engagé notre foi.

LA NOURRICE.

Ne précipitez point ce que le temps ménage ;
Vous pourrez à loisir éprouver son courage.

CLARICE.

Ne m’importune plus de les conseils maudits,
Et sans me répliquer fais ce que je te dis.


Scène III.

PHILISTE, la Nourrice.
PHILISTE.

515Je te ferai cracher cette langue traîtresse.
Est-ce ainsi qu’on me sert auprès de ma maîtresse,
Détestable sorcière ?

  1. Var. Éloignez, s’il vous plaît, quelque temps ce charmeur. (1634-57)
  2. Var. Faites en son absence essai d’un autre humeur. (1634, 44 et 48)
  3. Var. Trahir ainsi mon aise ! éteindre un feu si beau ! (1634-57)
  4. Var. Va quérir mon amant : dussé-je la première (1634-64)
  5. Var. Je ne permettrai pas qu’il sorte d’avec moi. (1634-57)