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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/558

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LA VEUVE.

645Aussi bien, m’a-t-on dit, à beau jeu beau retour :
Au lieu de la duper avec ce feint amour,
Elle-même le dupe, et lui rendant son change[1],
Lui promet un amour qu’elle garde à Florange[2] :
Ainsi, de tous côtés primé par un rival,
650Ses affaires sans moi se porteroient fort mal.


Scène V.

ALCIDON, DORIS.
ALCIDON.

Adieu, mon cher souci, sois sûre que mon âme
Jusqu’au dernier soupir conservera sa flamme.

DORIS.

Alcidon, cet adieu me prend au dépourvu.
Tu ne fais que d’entrer ; à peine t’ai-je vu :
655C’est m’envier trop tôt le bien de ta présence.
De grâce, oblige-moi d’un peu de complaisance[3],
Et puisque je te tiens, souffre qu’avec loisir
Je puisse m’en donner un peu plus de plaisir.

ALCIDON.

Je t’explique si mal le feu qui me consume[4],
660Qu’il me force à rougir d’autant plus qu’il s’allume.
Mon discours s’en confond, j’en demeure interdit ;

  1. Var. Elle-même le dupe, et par un contre-échange. (1634)
    Var. Elle-même le dupe, et par un contre-change. (1644-57)
  2. Var. En écoutant ses vœux reçoit ceux de Florange. (1634-57)
  3. Var. Eh ! de grâce, ma vie, un peu de complaisance :
    Tandis que je te tiens, souffre qu’avec loisir, (1634-57)
  4. Var. En peux-tu recevoir de l’entretien d’un homme
    Qui t’explique si mal le feu qui le consomme,
    Dont le discours est plat, et ponr tout compliment
    N’a jamais que ce mot : « Je t’aime infiniment ? »
    J’ai honte auprès de toi que ma langue grossière
    Manque d’expressions et non pas de matière. (1634-57)